Le climat au Canada c’est comment? (cas particulier de Montréal, Québec)

On entend souvent bien des préjugés sur le Canada et le climat, mais sont-ils exacts? Eh bien c’est plus compliqué que cela en a l’air. Voyons un petit aperçu pour vous aider à y voir clair…

Peut-on vraiment parler de climat au Canada?

Dans une certaine mesure, dire que l’on est au Canada donne quand même un peu de précision sur le climat. Dur en effet de retrouver un lieu au Canada où le climat serait typique de celui du Sahara ou du désert en Australie. En ce sens, il y a quand même quelques légères généralités. Néanmoins, les généralités sont trop peu pertinentes pour résumer le climat en un nom de pays.

Le Canada est gigantesque et il y a peu de généralités

Il est vrai que certaines cartes de type planisphère représentent le Canada trop gros et l’Afrique trop petit (en projection de Mercator pour les curieux, c’est-à-dire celle habituelle qui respecte les angles mais pas les surfaces).

Néanmoins, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, le Canada reste un pays gigantesque, le deuxième pays en termes de superficie. Tous les endroits n’ont pas la même latitude, certains lieux sont proches du pôle Nord et d’autres non. La lattitude n’explique pas tout parce que Montréal est quand même plus au Sud que la ville de Lyon en France… L’éloignement des océans et la direction des courants marins vont jouer beaucoup.

Dire que vous habitez dans une grande ville et non un endroit reculé ne va pas tellement en dire plus. Le climat à Vancouver est par exemple typiquement beaucoup moins froid qu’à Montréal. Cela ne veut pas dire que vous aurez beaucoup plus de rayons de soleil sur votre peau néanmoins, il peut y faire assez gris une bonne partie de l’année…

De manière générale, la chose qu’on peut dire sur la majorité des grandes villes canadienne est qu’elles sont plutôt proches de la frontière avec les États-Unis, mais toujours pareil ça ne suffit pas à caractériser le climat.

Passons sur les différences de lieux à l’intérieur du Canada et prenons le cas précis de Montréal, province de Québec, parce que même dans un cas précis susceptible d’être bien connu il y a beaucoup de préjugés…

Montréal: Trop chaud ou trop froid?

Beaucoup de gens savent que l’hiver peut être très froid à Montréal, en revanche moins de gens savent à l’avance qu’il y fait aussi trop chaud.

Survivre au froid en hiver est assez facile hors accident ou imprévu

Si vous protégez vos mains, votre tête, vos pieds et que vous mettez assez de couche, vous n’aurez même pas besoin de dépenser cher dans un manteau pour survivre au froid de l’hiver à Montréal, du moins la plupart du temps, lorsqu’il s’agit de passer un temps modéré à l’extérieur de façon prévue.

Le “froid sec”, le vent, l’absence de vent…

Cela peut paraître compliqué surtout quand on ne l’a pas assez vécu mais le taux d’humidité relative dans l’air influe beaucoup sur la capacité du corps à supporter une température qui s’écarte de l’idéal. Parfois on commence à avoir froid alors qu’il fait bien au-dessus de zéro et d’autres jours en dessous de zéro on ne ressent même pas le froid.

Le vent joue également un rôle énorme.

En ce sens, il est dur de se faire une idée juste en regardant la température. Ce genre de considérations expliquent l’indice humidex (page wikipédia), la température ressentie, l’indice de refroidissement éolien (page du site officiel du Canada), etc.

Un peu plus de prudence est mieux face au froid (le danger subsiste)

Bien sûr, cela peut être mieux d’être un peu plus prudent que le strict minimum. Dans certains cas, le froid peut même tuer beaucoup de gens pris au dépourvu, même des gens qui vivent dans le pays depuis longtemps d’ailleurs.

La “crise du verglas de 1998” a posé de gros problèmes car une période prolongée sans électricité et sans chauffage, ça peut créer un chaos immense. Ne croyons pas que tout est plus sûr maintenant: en 2023 il y a eu un nombre immense de personnes privées longtemps de courant, y compris en grande ville sur l’Île de Montréal, cela à cause de vents sur des câbles recouverts de glace même si heureusement le climat fut clément pendant la période de la coupure.

De temps en temps il y a aussi des drames à causes de véhicule surpris par un enneigement rapide avec trop de personnes bloquées sur autoroute dans de mauvaises conditions et des capacités de secours limitées.

En ce sens, il vaut mieux être prudent et pas que pour les choses habituelles de l’hiver.

Paradoxe: Acheter un excellent manteau chaud reste très conseillé pour le quotidien, non pas à cause du froid mais du chaud…

Oui j’ai bien écrit plus haut qu’il est possible de vivre assez bien le froid de l’hiver avec un manteau moyen, je pourrais même dire un manteau typique de France compte tenu d’une bonne proportion de mon lectorat.

Il suffit en théorie d’appliquer la technique des couches multiples en dessous.

Par contre, peut être que quand il fait très froid vous irez dehors pour autre chose que le plaisir d’aller dehors. Ça peut donner sortie dehors, vingt minutes à -25 degrés, bus à température variable, de nouveau dehors, métro surchauffé, de nouveau -25, centre commercial surchauffé, etc.

Régulièrement la température va augmenter et diminuer de 50 degrés d’un coup donc, juste en entrant ou en sortant.

Chez vous il sera facile d’enlever le nombre de couches qu’il faut, mais dans l’exemple indiqué, c’est beaucoup mieux quand gérer votre manteau suffit à faire la différence. Avec un excellent manteau chaud, vous n’aurez pas besoin d’un excès de couches en dessous: à l’extérieur manteau bien fermé, en entrant temporairement à un endroit chaud manteau ouvert voire enlevé.

Le verglas et la glace noire

Typiquement si vous savez comment ça marche les urgences et les délais vous voudrez encore plus avoir la grâce de ne pas subir de fractures en tombant. Idem si vous avez une assurance privée d’un autre pays plutôt que la RAMQ, surtout si celle-ci donne à l’assureur le choix du rapatriement en cas d’hospitalisation et de suivi.

Les jours où le sol est extrêmement glissant sont rares (y a quand même des services de la ville qui s’occupent des routes et trottoirs). Par contre, quand ça arrive et que l’on ne peut pas reporter sa sortie dehors, cela peut être encore plus dur niveau froid quand tout se cumule et qu’en plus vous marchez trois fois moins vite.

Les gants, le smartphone

Si vous avez une voiture un temps soit peu stationnée même occasionnellement à l’extérieur, il est important d’avoir des gants et de pouvoir supporter le temps de déneiger, pelleter, gratter, etc. En cas de froid je vous conseille fortement de les enfiler avant de ressentir le froid, parfois on a tendance à sentir le froid trop tard et là c’est plus dur à gérer.

Et si vous n’avez pas de voiture et êtes à pied? Personnellement je vous conseille aussi d’avoir de bons gants mais ne soyez pas surpris qu’en ville une bonne partie de la population n’en porte pas. Protéger ses mains lors du froid intense c’est critique mais on va se le dire pour beaucoup le manteau remplace gants et bonnets. Mettre une bonne capuche sur la tête est parfois mieux que laisser la neige tomber dedans (attention toutefois à la visibilité en traversant), mais vous découvrirez peut-être aussi que les poches peuvent protéger les mains même si forcément la démarche n’est pas la même…

Le choix des gants se complique selon que vous voulez ou non le meilleur (genre cuir ou assimilé doublé de cachemire) et selon la façon dont vous êtes ou non à l’aise avec l’interférence entre des gants et votre smartphone tactile…

Quelques vrais problèmes de l’hiver: la durée du jour, le nombre de mois…

Une fois que vous arrivez à gérer le froid dans le quotidien, que vous êtes rationnellement un peu prévoyant pour être prêt aux événements rares, que reste t-il?

Eh bien il faut arriver à supporter quelques points sur lesquels l’adaptation est plus difficile.

La durée du jour est réduite. Cela veut dire moins de temps avec de la lumière naturelle sur votre peau. Particulièrement si vous manquez de liberté dans l’usage de votre temps ou que vous avez des défis à le gérer. Déjà bien vous couvrir aura réduit la surface de peau recevant de la lumière. Je ne suis pas là pour donner des conseils médicaux ou des réponses en ce sens, mais il peut être utile de vous renseigner sur la pertinence de prendre de la vitamine D, et c’est pas compliqué d’en trouver.

Il existe des options plus coûteuses: ne pas passer l’hiver au Québec (continuez la lecture de cet article et ne rigolez pas, c’est courant), ou de façon plus accessible couper l’hiver en deux au bon moment avec un court congé à une destination soleil.

Malheureusement un étranger n’a pas forcément autant d’options rationnelles économiques qu’un Canadien: aller à Cuba rend inéligible à l’exemption de visa de type ESTA pour les États-Unis, ce qui peut être assez dommage.

Voyager aide sinon à supporter l’hiver lorsque celui-ci est long, ce qui arrive assez souvent.

L’imprévisibilité et le yoyo des températures extérieures

Même sans comparer l’intérieur et l’extérieur, le yoyo des températures se produit souvent aussi à l’extérieur d’un jour à l’autre voire parfois dans une même journée. C’est quelque chose d’assez courant. Cela aussi bien au début de l’hiver que vers sa fin.

À cause de l’imprévisibilité ou plutôt le fait que les prévisions sont typiquement fiables que peu de temps à l’avance, vous risquez d’avoir pour nouveau réflexe de vérifier souvent la météo sur smartphone même si vous n’en aviez pas l’habitude.

Le vrai problème de la chaleur en été

Bon en principe, avoir du chauffage, des vêtements et des conditions pour survivre en hiver, c’est certes un privilège quand on voit les difficultés d’une population croissante d’itinérants et de hausse du coût de la vie, mais ça reste quelque chose qui posera relativement peu de difficultés à une majorité de ceux qui ont un projet et lisent ce site.

En revanche, il faut aussi savoir que l’été est chaud et humide. Humide implique qu’à température égale la chaleur peut être plus difficile à supporter.

Un climatiseur peut changer beaucoup de choses. Idéalement un bon climatiseur bien intégré au logement ou à défaut un climatiseur de fenêtre. Si vous télétravaillez avec le micro souvent ouvert pour des appels/réunions il faudra même faire dans l’efficacité sonore. Ce sera un sujet encore plus de jours par an si les avions passent au-dessus de vos têtes ou si un environnement bruyant urbain vous dissuade d’ouvrir la fenêtre des jours où sinon vous auriez pu vous passer de clim’. Par contre, entre la crise du logement qui rend difficile d’être sélectif sur ce point, les particularités des fenêtres, celles des prises électriques, on se retrouve souvent avec des choix loin de l’optimal. Faites vos vérifications.

Par ailleurs, certains vivent mieux la chaleur que d’autres. Certains n’ont que peu de besoin d’un climatiseur car ils ne télétravaillent pas, profitent durant la journée du climatiseur du travail, s’accommodent de la situation en rentrant, ne prennent des congés pendant l’été que pour s’éloigner du domicile, etc. D’autres ont vraiment besoin d’un climatiseur et si possible d’un modèle capable à la fois d’être efficace et n’ayant pas un bruit difficile à gérer lors de leurs réunions vidéos sur Microsoft Teams ou Zoom…

Aussi si vous prévoyez de faire votre vie au Québec, et d’y vieillir, ne sous-estimez pas votre planification financière. Il existe différents types de logements adaptés pour seniors mais typiquement il vaut mieux avoir les moyens pour une résidence privée à son goût que de dépendre du système. Les vagues de chaleur dans des CHSLD non climatisés ça fait des dégâts. Et parfois même avoir un ventilateur y est compliqué…

L’hiver, les Français, les Québecois…

Cet article n’est pas là pour faire dans le préjugé, d’ailleurs la suite continuera à en déconstruire plus d’un…

Les Français ne sont pas nécessairement biologiquement moins équipés pour survivre à l’hiver que les Canadiens et Québecois. Par contre si vous êtes Français votre attitude peut changer les choses, il s’agit de bien s’intégrer:

  • On s’équipe bien.
  • On évite de se plaindre du froid, l’attitude ça compte…
  • On se renseigne sur les activités sociales locales pendant l’hiver si on veut ne pas rester chez soi tout l’hiver.

Certains points feront l’objet de prochains articles 😉

Enfin, les Québecois aiment-ils l’hiver? Évitez les préjugés, certains oui, certains vraiment pas.

Parmi ceux qui n’aiment pas l’hiver:

  • Une grosse partie évitera juste de s’en plaindre mais appréciera vraiment la fin de l’hiver
  • Une partie non négligeable de la population ayant les moyens financiers s’arrange vraiment pour passer le moins de temps possible en hiver au Québec. Ceux-ci sont souvent appelés les snowbirds (wikipédia anglophone) et sont régulièrement mentionnés dans les médias, et ailleurs.

Prenez plusieurs avis

Cet article ne constitue pas la pensée unique. Vous pouvez l’apprécier, trouver qu’il s’attaque de façon juste à bien des préjugés, le partager même mais vous devriez faire sérieusement vos recherches avant de vous projeter au Canada. Surtout si vous ne faites pas de multiples voyages de toute saison avant de vous décider pour un long séjour ou une installation au Canada.

Pour d’autres articles connexes

Que ce soit pour la façon de passer votre hiver que pour votre vie courante ou votre intégration, n’hésitez pas à regarder les autres articles de Clair Canada.

Au passage, qu’est ce qui peut être ultra-intéressant lorsque le climat extérieur est dur à gérer? Pouvoir retirer votre argent canadien sans frais dans tout distributeur est mieux que de devoir commencer à chercher un ATM de votre banque, pourtant beaucoup ignorent l’astuce…

Le sujet de connaître les différents magasins peut également jouer et promis il y a d’autres articles encore plus spécifiques déjà présents ou en préparation.